La Chine vise la suprématie mondiale dans la construction de drones

Des images du prototype du nouveau drone furtif chinois Lijian ont été publiées récemment. Le drone a beaucoup de traits communs avec l'appareil du futur américain X-47. Ce qui veut dire que par leur envergure les programmes de développement de drones en Chine peuvent être comparés aux projets américains, estime l'expert du Centre d'analyse des stratégies et technologies, Vassili Kachine.

Il est notoire qu'outre le Lijian la Chine teste un autre drone coûteux, le Xianglong, similaire au drone de reconnaissance stratégique américain Global Hawk. Les Etats-Unis sont l'unique pays à réaliser simultanément des programmes d'une si grande envergure dans le domaine des drones. La Russie est en retard : des projets de drones de combat sont développés depuis plusieurs années (notamment les projets Skat et Proryv), mais ils demeurent au stade des études. Le premier prototype de drone russe ne sera prêt qu'au milieu de la décennie en cours.

Quant à la Chine, elle réalise parallèlement des dizaines de projets de drones. En novembre 2012, plusieurs dizaines de projets de drones de tous types et de toutes tailles ont été exposés au salon aéronautique de Zhuhai. Les drones ont été équipés d'armes guidées, notamment de bombes ne pesant qu'un peu plus de 20 kg. Auparavant les Chinois avaient organisé la construction de leur propre analogue du drone israélien de combat Harpy, livré à la Chine dans les années 1990. A l'heure actuelle les Chinois fabriquent une version perfectionnée de ces appareils. Harpy survole le champ de bataille, détecte le rayonnement des radars des systèmes de DCA, les attaque et explose.

La Chine a déjà développé son propre drone tactique de reconnaissance et de combat, le Pterodactyl, appartenant à la classe MALE (moyenne altitude longue endurance). Préparant l'arrestation du seigneur de la drogue birman Naw Kham, coupable de la mort de marins chinois en 2011, les autorités chinoises ont envisagé sa liquidation à l'aide de drone, en suivant la dernière mode américaine.

Outre l'armée, des programmes d'achat de drones équipent d'autres structures sécuritaires chinoises, notamment la police armée populaire, le service de surveillance maritime de la Direction océanographique, l'inspection de la pêche et les pompiers.

En ce qui concerne le programme de construction de drones, tout comme d'autres programmes militaires ambitieux chinois, nous ne pouvons pas être sûrs que le pays possède les capacités de production ainsi que les ingénieurs d'études en mesure de réaliser ces projets. Dans les drones, les composantes aéronautiques telles que le planeur et les moteurs, jouent un rôle secondaire. Il importe d'avoir une bonne liaison avec l'opérateur et de bons instruments de reconnaissance et d'observation. Les insuffisances dans la liaison ou la mauvaise qualité de l’image peuvent réduire à néant les autres qualités du drone.

La Chine a démontré ses compétences dans la construction de drones de reconnaissance tactiques. Une telle certitude est absente quant aux projets de drones de combat lourds et de drones de reconnaissance stratégiques. L'emploi des drones américains repose sur une vaste infrastructure, notamment sur un réseau de satellites de télécommunication. Le satellite permet à un opérateur se trouvant dans une base sur le continent américain de commander un drone de combat quelque part en Afghanistan. Pour ce qui est de la Chine, celle-ci projette évidemment d'utiliser ses drones dans les régions périphériques peu accessibles du Xinjiang et du Tibet ou au-dessus des zones maritimes litigieuses.