"J'ai rencontré cette France abandonnée et invisible" [Mod Explorateur]
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"J'ai rencontré cette France abandonnée et invisible" [Mod Explorateur]
"J'ai rencontré cette France abandonnée et invisible"
"Marianne" s'intéresse à la "France périphérique", celle décrite par le géographe Christophe Guilluy et qui rassemble les perdants de la mondialisation, ces oubliés de la gauche, qui vivent dans les zones périurbaines et votent en masse pour le FN. La même France traversée par le député du MoDem, Jean Lassalle, lors de son récent périple à pied de six mille kilomètres. Un voyage à la rencontre de ces habitants qui estiment, raconte-t-il, "ne plus faire partie de la même France" que celle des grandes métropoles...
e n’ai pas encore lu le livre de Christophe Guilluy mais la présentation que vient d’en faire Marianne m’a frappé au cœur. J’y ai retrouvé la France telle que je l’ai découverte tout au long de mon tour de France à pied sur 6 000 kilomètres et durant neuf mois. J’ai effectivement traversé pas à pas la France des métropoles avec ses grandes villes et ses banlieues et j’ai découvert la périphérie avec sa multitude de petites et de moyennes villes, ses lotissements, ses arrière-pays souvent qualifiés de « campagne ».
J’ai traversé d’interminables rues fantomatiques prolongées par d’immenses campagnes entrecoupées ici et là d’un village et dont les chiens engrillagés semblaient trop souvent les seuls habitants. Aujourd’hui, je retrouve ici une banlieue tellement différente de celle que l’on retrouve à Paris, à Marseille ou à Lyon. Elle était, hier guirlande de faubourgs colorés, animés et achalandés à la fois indépendante et complémentaire des uns et des autres, chantant le soir du 14 juillet. Elle m’est apparue aujourd’hui abandonnée, invisible, sans vie, artificiellement concentrée de manière anarchique.
Là une série d’immeubles, un cimetière, une zone industrielle, au-delà d’une concentration de petites maisons, puis une décharge, une friche abandonnée, soudain des petits pavillons au sein d’une zone miraculeusement belle, ensuite un centre commercial, à nouveau des friches, des usines agonisantes, et ça recommence. Les gens que j’y ai rencontrés, le premier moment de surprise passée, sont pratiquement tous venus à ma rencontre.
La majorité d’entre eux sont venus me parler et me parler encore. Ils étaient encore des gens « normaux », il y a quatre ou cinq ans, dix peut-être. Ils étaient artisans et gagnaient de l’argent, ils travaillaient chez Chausson, ils travaillaient dans leur usine qui du jour au lendemain s’est délocalisée, ils n’ont pas pu continuer à payer les traites de la maison qu’ils ont construit avec amour alors elle a été vendue pour une bouchée de pain.
« Ma femme s’en est allée avec les enfants, elle n’en pouvait plus, m'a confié l'un d'entre eux, Elle ne vote plus je crois, ici mon voisin ne vote plus non plus ainsi que le maire de la commune. Ah lui, je crois qu’il vote Front national, comme moi, mes frères aussi ». Et neuf sur dix d’entre eux de me dire : « Nous ne faisons plus partie de la même France, monsieur le député. D’ailleurs elle n’existe plus, ça va péter ! ».
http://www.marianne.net/J-ai-rencontre-cette-France-abandonnee-et-invisible_a241450.html
"Marianne" s'intéresse à la "France périphérique", celle décrite par le géographe Christophe Guilluy et qui rassemble les perdants de la mondialisation, ces oubliés de la gauche, qui vivent dans les zones périurbaines et votent en masse pour le FN. La même France traversée par le député du MoDem, Jean Lassalle, lors de son récent périple à pied de six mille kilomètres. Un voyage à la rencontre de ces habitants qui estiment, raconte-t-il, "ne plus faire partie de la même France" que celle des grandes métropoles...
e n’ai pas encore lu le livre de Christophe Guilluy mais la présentation que vient d’en faire Marianne m’a frappé au cœur. J’y ai retrouvé la France telle que je l’ai découverte tout au long de mon tour de France à pied sur 6 000 kilomètres et durant neuf mois. J’ai effectivement traversé pas à pas la France des métropoles avec ses grandes villes et ses banlieues et j’ai découvert la périphérie avec sa multitude de petites et de moyennes villes, ses lotissements, ses arrière-pays souvent qualifiés de « campagne ».
J’ai traversé d’interminables rues fantomatiques prolongées par d’immenses campagnes entrecoupées ici et là d’un village et dont les chiens engrillagés semblaient trop souvent les seuls habitants. Aujourd’hui, je retrouve ici une banlieue tellement différente de celle que l’on retrouve à Paris, à Marseille ou à Lyon. Elle était, hier guirlande de faubourgs colorés, animés et achalandés à la fois indépendante et complémentaire des uns et des autres, chantant le soir du 14 juillet. Elle m’est apparue aujourd’hui abandonnée, invisible, sans vie, artificiellement concentrée de manière anarchique.
Là une série d’immeubles, un cimetière, une zone industrielle, au-delà d’une concentration de petites maisons, puis une décharge, une friche abandonnée, soudain des petits pavillons au sein d’une zone miraculeusement belle, ensuite un centre commercial, à nouveau des friches, des usines agonisantes, et ça recommence. Les gens que j’y ai rencontrés, le premier moment de surprise passée, sont pratiquement tous venus à ma rencontre.
La majorité d’entre eux sont venus me parler et me parler encore. Ils étaient encore des gens « normaux », il y a quatre ou cinq ans, dix peut-être. Ils étaient artisans et gagnaient de l’argent, ils travaillaient chez Chausson, ils travaillaient dans leur usine qui du jour au lendemain s’est délocalisée, ils n’ont pas pu continuer à payer les traites de la maison qu’ils ont construit avec amour alors elle a été vendue pour une bouchée de pain.
« Ma femme s’en est allée avec les enfants, elle n’en pouvait plus, m'a confié l'un d'entre eux, Elle ne vote plus je crois, ici mon voisin ne vote plus non plus ainsi que le maire de la commune. Ah lui, je crois qu’il vote Front national, comme moi, mes frères aussi ». Et neuf sur dix d’entre eux de me dire : « Nous ne faisons plus partie de la même France, monsieur le député. D’ailleurs elle n’existe plus, ça va péter ! ».
http://www.marianne.net/J-ai-rencontre-cette-France-abandonnee-et-invisible_a241450.html
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