UN NOUVEAU MADOFF

Par Marina Alcaraz | 23/10 | 19:50
Le jeune trader,petit-fils de l’auteur de SAS, a été mis en examen pour escroquerie en bande organisée. Le préjudice serait estimé à 35 millions d’euros.

L’affaire a tous les ingrédients d’un roman d’espionnage : un jeune homme à qui tout réussit, une société basée aux Seychelles, un nom de famille connu et une histoire « à la Madoff »... Marc-Antoine Adam de Villiers, un jeune trader, a été mis en examen pour « escroquerie en bande organisée », avec d’autres personnes, à Lyon. D’après « Le Parisien », qui a révélé l’affaire, quelque 600 victimes auraient été recensées et le préjudice estimé à 35 millions d’euros.

« Un gars sympathique »

Marc-Antoine Adam de Villiers, serait le petit-fils de Gérard de Villiers, l’auteur des célèbres SAS, selon « Le Parisien ». Il affiche un parcours de « jeune premier » : diplômé de la prestigieuse Université de Paris-Dauphine en 2005, du magistère banque-finance-assurance, le trentenaire y était d’ailleurs un intervenant ponctuel en « trading par arbitrage » entre 2009 et 2011, tout en ayant une activité de formateur et de trader pour son propre compte. « C’est un jeune plutôt doué, souligne un professionnel aux « Echos ». Un gars sympathique. » Spécialiste de stratégies axées sur le carnet d’ordres, appelées « scalping » dans le jargon financier, il a notamment participé aux Victoires du trading, il y a quelques années.

Mais sa carrière de jeune loup de la finance prend un tour nouveau lorsqu’il est engagé par l’homme d’affaires Jean-Pierre Nitkoksi pour former des traders de sa société Exelyum, raconte « Le Parisien ». La société, basée à Paris, mais dont le siège social est aux Seychelles, marche bien et ouvre une salle à Monaco. L’argent afflue, mais les rendements promis ne sont pas au rendez-vous. Les policiers monégasques auraient alors ouvert une enquête mettant en cause Jean-Pierre Nitkoski.

En outre, la société proposant des rendements mirobolants (1,5 % par mois), tout en garantissant le capital, est épinglée par l’Autorité des marchés (AMF). Celle-ci flaire l’arnaque lors du contrôle d’un conseiller en investissements financiers, qui vend les produits en question. En mai dernier, le gendarme de la Bourse publie ainsi un communiqué pour « mettre en garde le public contre ces propositions irréalistes de la part d’une société n’ayant pas été autorisée à fournir des services d’investissement sur le territoire français ». Le dossier est transmis au parquet.

Un Madoff à la française

La justice aurait mis à jour un probable système de Ponzi, où les pertes des uns sont compensées par des investissements d’autres, selon « Le Parisien ». S’estimant trompé, Marc-Antoine aurait proposé à la justice de collaborer. Mais sa convocation de la semaine dernière se serait transformée en garde à vue. Il aurait été écroué. « Il jure n’avoir rien su  et répète qu’il n’était qu’un employé», assure toutefois une source judiciaire au « Parisien ». Une demande de remise en liberté devrait être examinée rapidement. Un proche du dossier confirme aux « Echos » la mise en examen et le mandat de dépôt, en fin de semaine dernière.