La Collaboration "positive":comment Vichy a sauvé Lévi-Strauss.
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La Collaboration "positive":comment Vichy a sauvé Lévi-Strauss.
La Collaboration "positive":
comment Vichy a sauvé Lévi-Strauss.
C'est un curieux épisode de la biographie de l'illustre ethnologue
dont on vient de célébrer les cent ans,souvent évoqué,parfois mal raconté.
Revenu en France en 1939 (il y mena dans les tribus indiennes
de l'Amazonie les enquêtes d'où il tira Tristes Tropiques),
Claude Lévi-Strauss,mobilisé,a participé marginalement
à la "drôle de guerre".
Démobilisé et voulant reprendre son métier de professeur,il se rendit à Vichy
au ministère de l'Instruction publique comme on disait alors pour demander
un poste dans un grand lycée parisien (Henri IV).
Le fonctionnaire qui le reçut le mit en garde:
"A Paris,vous serez en zone occupée par les Allemands.
N'y allez pas!"
Lévi-Strauss a avoué que,très ignorant des réalités politiques,
il tint quand même compte de l'avertissement.
Il fut alors nommé dans un lycée de Montpellier où il n'exerça
que trois semaines avant sa suspension en raison des lois raciales.
En 1941,invité par un collègue américain,professeur à la
New York School for Social Research,il décida de s'y rendre,
embarquant sur un bateau à Marseille.
Avec un passeport tout ce qu'il y a de plus officiel,qui a été présenté
le 27 novembre dans l'émission sur Arté
"Claude Lévi-Strauss par lui-même".
Le document était frappé du timbre "Etat Français"!
Lévi-Strauss reconnaît lui-même qu'il eut beaucoup de chance
mais regrette de n'avoir jamais pu retrouver celui qui lui "sauva la vie".
Pour le reste,il est noter que dans sa carrière qui,après 1947,
date de son retour définitif en France,le mena à la célébrité.
Il a manifesté souvent un non-conformisme qui en a choqué plus d'un,
notamment dans la communauté,comme quand il affirma en 1991
dans Le Figaro :
"Que l'humanité avait connu "des centaines de génocides"
et que pratiquement tous les peuples avaient connu cette épreuve,
beaucoup n'y survivant pas".
Il prit aussi ses distances avec l'Intelliguentsia à la mode (Sartre et Cie)
et,par principe,ne signa jamais de manifeste.
Ses goûts en littérature ( Diderot,Proust,Boileau) en peinture (Poussin)
en musique (Rameau) sont des plus classiques,loin des Arts Premiers
(voir son livre paru chez Plon,Ecouter,Lire,hommage au Grand Siècle).
Dans la rubrique que lui consacre le très conformiste
Dictionnaire des Intellectuels français de Julliard et Winock (le Seuil 1996),
on trouve cette conclusion:
"La répulsion qu'il a affichée pour les débordements de Mai-68,la réticence
qu'il laisse poindre à l'égard des formes les plus bruyantes de l'anticolonialisme
ou de l'antiracisme et les critiques virulentes qu'il adresse aux manifestations
les plus déconcertantes de l'art contemporain pourraient conduire à le ranger
dans le camp du conservatisme."
Et pourquoi pas dans celui des réactionnaires?
Jean Bart- Administrateur
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